Démocratie

 

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   Salon du livre libertaire de Cluny - 16 octobre, 10h - Arnaud Milanese
 
"Les Gilets Jaunes par Nous"
Le documentaire qui nous a été projeté en était à sa 6e version déjà. Pourquoi tant ? Et qui est ce "nous" ?

Derrière ce documentaire, on trouve un collectif de Gilets Jaunes d'Occitanie. Mais ce n'est pas eux ce nous. Il est entièrement fait d'archives prises en situation par ceux qui ont participé et participent toujours au mouvement. Une partie a été collectée via le (no)blog dont nous donnons le lien au-dessus, et où l'on trouve quantité d'archives (le site précise que le documentaire était présent sur Facebook jusqu'à peu - Facebook l'a enlevé d'autorité). C'est donc un "nous" qui renvoient aux gilets jaunes, ou plutôt à des gilets jaunes, qui se réapproprient leur histoire, à mesure qu'ils rassemblent des documents et poursuivent, d'une façon ou d'une autre, le mouvement - entre autres choses par ce documentaire. Ou encore en appelant symboliquement à la grêve générale le 17 novembre prochain, jour anniversaire du début du mouvement (voir l'affichette).
L'ordre en est simplement chronologique, les effets de montage sont peu nombreux, même s'ils ajoutent à l'humour fréquent de certaines scénettes - pour ceux qui auraient oublié que c'est un mouvement créatif et souvent drôle !
De nombreuses références, plus ou moins détournés, au cinéma commercial en sont les effets les plus fréquents. Le documentaire s'ouvre et se ferme ainsi sur Matrix, et Rage Against The Machine, of course !!! Précisément parce qu'il s'agit non de dire comment cela va finir, mais "comment cela va commencer" (fin du 1e volet, pour ceux qui l'auraient oublié). Si de nombreux actes se sont appelés "acte ultime", "ultimatum", "acte final 1, 2, 3, etc.", leur multiplication signifie justement que tout ne fait que (re)commencer - si on le veut. Ou encore parce qu'il s'agit de montrer un "monde sans vous" (Matrix toujours): et ce n'est pas un monde de violence - la violence y a été défensive - mais d'auto-organisations, de fêtes et de réappropriations (on se souvient de ce que signifiait le prélèvement de l'ISF à la source sur les Champs Élysée...). Je ne connaissais pas ces images de bonnes soeurs dansant dans la rue avec des gilets jaunes, par exemple, et je ne suis pas prêt de les oublier !
Incontournable donc, Trinity en gilet jaune (voir l'affichette), William Wallace, dans Brave Heart, en gilet jaune, et cela répond parfaitement au type d'esthétisation développée pendant le mouvement. Qu'il s'agisse du "Force et honneur" du boxeur Christophe Dettinger, tiré de Gladiator, ou de l'énorme "Raouw" répondu à la question "Quel est votre métier ?", et tirées, la réponse comme la question, de l'affreux 300.
De belles analyses, aussi, passées comme de rien, et si justes ! Comme le moment où est évoqué le fait que les techniques de maintien de l'ordre actuellement en vigueur en France, ont été testé dans la répression des émeutes en banlieue (d'où le rôle désormais de la BAC et la politique de l'interpellation systématique - voir l'excellent livre Politique du désordre, de Jobart et Filieule, pour qui veut en savoir plus). Ou encore la tension incessante, pendant le mouvement, entre les conditions difficiles des plus précaires qui vivent de leur travail, et les exigences du mouvement (expliquant en partie les difficiles relations avec les syndicats - gilets jaunes/gilets rouges, on s'en souvient - notamment au moment de bloquer les raffineries). C'est, dit la voix off, que le difficile est de porter la critique et la lutte sur ses propres conditions d'existence sans perdre la dimension nécessairement sociale du mouvement. Tout un programme, ou plutôt tout un problème, qui est le problème central du militantisme. Lorsqu'il se veut vraiment pragmatique - concilier vie, convictions et engagement efficace.
Beaucoup de choses aussi sur la grande créativité et la grande réactivité de ce mouvement. L'efficacité du message de non-dissociation, lorsque le pouvoir et les médias ont cherché à opposer les calmes et les violents. Un véritable sens de la formule, aussi: assemblée désassemblée, convivialité en gilet. Une longueur d'avance face aux stratégies de répression: on ne peut plus se pérenniser sur les ronds points - qu'importe, nous avons monté des maisons du peuple (plus ou moins réquisitionnés parfois). Organiser un cortège de Carnaval, lorsque les masques ont été interdits: ce n'est pas un masque, c'est un déguisement ! Et enfin (mais il y en aurait bien d'autres), l'inénarrable cacatov: ces cocktails molotov à base d'excréments - d'abord humains (une pierre deux coups), puis (attention ADN !) à base d'excréments et d'urine de chat, et de tout ce qui pouvait sentir fort et longtemps sur les uniformes !
J'insiste sur ces points non pour passer sous silence les moments dramatiques, durs, inquiétants dans les confrontations qui ont jalonné le mouvement, et que le documentaire ne nous épargne pas. Parce qu'on les connaît hélas mieux. Même si on n'en souligne pas toujours assez la dimension épique - le choix de certaines musiques de film (Gladiator encore) était parfait pour le souligner. Et ce documentaire lui-même n'hésite pas à traiter ces moments les plus durs avec humour: les 700 lycéens agenouillés pendant deux heures par la police casquée... sur la musique de Dark Vador, c'est irrésistible. Même si au fond c'était à pleurer.

Joyeux, épique, inquiétant, dur, plein d'espoir et d'appels justes à poursuivre la lutte. Bref, émouvant.
   JSL - 26 septembre 2022
 

Ils tentent de maintenir allumée la flamme de la Nupes

Ce samedi, l’ancien candidat Nupes aux législatives Richard Béninger organisait une assemblée citoyenne à l’échelle de la 3e circonscription de Saône-et-Loire. L’obsession de cet Insoumis ? Que l’alliance avec les écologistes, les socialistes et les communistes perdure au-delà des législatives et à l’échelle locale.

À l’intérieur de la petite salle communale sur laquelle a été scotchée une affiche aux couleurs de la Nupes, plusieurs chants retentissent ce samedi. Un Bella Ciao repris à tue-tête ou encore une version remaniée des Petits Papiers de Régine transformée pour l’occasion en “Laissez passer les sans-papiers”. Sur un paper-board, les amendements votés par chaque camp à l’Assemblée sont détaillés. L’occasion de rappeler que seule la gauche unie a voté en faveur de la revalorisation des retraites de 5,5 %, du SMIC à 1 500 euros ou des loyers bloqués. (...)




 

Arnaud Milanese
Claire Mallard
Gabriel Siméon
Patrick Monin
Olivier Leprévost
Textes et billets d'humeur
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Mâcon Cluny en lutte